Le pet-parenting : une évolution sociétale qui influence le rapport au travail
- SOCIETE
Depuis maintenant près de 3 ans, on assiste à un changement dans l’engagement émotionnel et financier des Français vis-à-vis de leurs animaux de compagnie – notamment des chiens. Le concept de « pet parenting » reflète ainsi une évolution profonde dans la manière dont nous considérons nos animaux de compagnie. Autrefois perçus comme de simples compagnons, ils sont désormais vus comme des membres à part entière de la famille.
Comment ce phénomène influence-t-il notre relation avec eux et quels en sont les impacts sur leur bien-être et le nôtre ? Qu’est-ce que le Pet Parenting ?
Voici quelques éléments de réponse :
Le « pet parenting » est une approche où les propriétaires d’animaux assument un rôle de parent envers leurs compagnons à quatre pattes. Cela dépasse le simple fait de les nourrir et de les promener. Il s’agit d’une responsabilité émotionnelle, mentale et parfois même financière, où l’on veille au bien-être global de l’animal, en tenant compte de ses besoins physiques, psychologiques et sociaux.
Pour le pet-parent, l’adoption d’un chien ou d’un chat s’accompagne d’une responsabilité supplémentaire : celle de s’engager à l’aimer, à le choyer et à s’en occuper tout au long de sa vie, comme on le ferait d’un enfant.
L’humanisation de l’animal de compagnie s’explique principalement par de nouveaux schémas familiaux et un mode de vie devenu moins traditionnel. Certains adoptent un animal de compagnie parce que les enfants ont quitté le nid. D’autres plus jeunes ne souhaitent tout simplement pas d’enfant pour diverses raisons : crise climatique, inflation ou volonté de liberté.
Cette tendance s’est consolidée et étendue notamment avec une reconnaissance accrue du rôle des animaux de compagnie dans le bien-être émotionnel des humains pendant les périodes de stress comme la pandémie de COVID-19 et qui influence le rapport au travail.
Quelques chiffres :
- 9,9 millions de chiens en France
- 1 Français sur 3 possèdent un chien (30% des français possèdent un chien)
- 95% des pet-parents considèrent leur chien comme un membre à part entière de leur famille
- 36% des 25/34 ans, considérés comme les premiers possesseurs d’animaux de compagnie aujourd’hui, pensent que leur animal est comme leur enfant et 93% assument cette relation. (Enquête yougov / ultima mars 2024)
- 72% des pet-parents conçoivent qu’on peut préférer avoir un chien ou un chat plutôt qu’un enfant et ce score augmente même à 81% chez les 18/25 ans et à 78 % par les 25-34 ans, une génération qui se projette difficilement dans l’avenir avec des enfants. (yougov mars 2024)
- Pour 43% des répondants, la place des chiens et des chats n’est pas suffisamment valorisée au sein de notre société.
- Pour 31% d’entre eux, nos dirigeants politiques ne portent pas assez le sujet de la cause animale et 27% déplorent qu’il ne soit pas encore possible d’emmener nos animaux partout avec eux (hôtels, bars, restaurants, bureaux…) (yougov / ultima mars 2024)
Le sentiment de pet-parentalité n’est pas anormal et serait même inscrit dans l’ADN humain, c’est ce qu’explique une anthropologue, Shelly Volsche, qui étudie depuis longtemps les relations homme-animal. Pour elle, l’émergence de la pet-parentalité s’explique par la nature même de l’être humain. Pour construire son propos, elle s’appuie sur une théorie évolutionniste qui voit les humains comme des reproducteurs coopératifs.
C’est-à- dire que, à la différence des grands singes chez qui la génitrice fait tout le boulot, chez nous prendre soin d’un petit peut être réparti entre les différents membres d’un groupe (père, mère, grands-parents, fratrie, oncles, tantes…). Cette coopération aurait été un élément clé de la survie et de l’expansion de notre espèce.. Donc dans notre ADN est inscrite cette faculté d’endosser le rôle de parent pour un enfant qui n’est pas le nôtre.
Or si notre environnement rend aujourd’hui le fait d’avoir des enfants plus difficile ou moins attrayant pour certains. Il est logique que l’on exprime cette facette de la parentalité vers les autres espèces qui entrent dans notre foyer, en l’occurrence les animaux de compagnie qui offrent un moyen de satisfaire ce besoin évolutif nourricier tout en réduisant l’investissement en temps, en argent et en énergie émotionnelle par rapport à l’éducation des enfants.